Gaza - Erreur manifeste d'Israel
Si hier, j'avais un peu la même opinion que le sous-secrétaire d'État italien aux Affaires étrangères qui estimait que la tentative de forcer le blocus était une "provocation" des militants pro-palestiniens, aujourd'hui les morts provoqués par l'opération israélienne démontrent que les dirigeants de l'état d'Israël, issus de l'extrême droite, ont définitivement coupé les ponts avec la réalité.
Les commandos de marine israélienne ont tué, dans les eaux internationales, un douzaine militants à bord d'une flottille acheminant de l'aide humanitaire vers Gaza (al-jazeera). Le simple énoncé de cette phrase montre à quel point la rhétorique paranoïaque de l'extrême droite israélienne qui présente Israël comme faisant face au monde entier a fait perdre la tête et le sens de la réalité à ses dirigeants. Et risque de devenir auto-réalisatrice.
L'opération
Voici ce qui s'est passé d'après Haaretz : les commandos ont été débarqué sur les bateaux par hélicoptère. Les premiers soldats hélitreuillés se sont retrouvés seuls face à une vingtaine de militants, qui se seraient défendu avec des barres de fer et des couteaux. Les commandos, menacés auraient alors ouvert le feu pour se défendre. Le quotidien Israélien affirme que les commandos ne sont pas à blâmer. Peut-être, mais les officiers qui ont préparé une opération consistant à balancer un commando armé au milieu de la foule sont coupables des morts qui résultent de l'opération. Comment le premier soldat à débarquer pouvait-il faire autrement ? Ce type d'intervention contre des civils nécessite une préparation au poil que les armées modernes sont habituellement capables de mettre en place. Que ce travail n'ai pas été fait en révèle beaucoup sur l'orientation du gouvernement. (lire Haaretz : After Monday's ocean bloodbath, Israel must work fast to prevent third intifada )
Le New York times parle d'une légère résistance des militants, démentis par un membre de Free Gaza à Chypres.
“That is a lie,” said Greta Berlin, a leader of the pro-Palestinian Free Gaza Movement, speaking by telephone from Cyprus. She said it was inconceivable that the civilian passengers on board would have been “waiting up to fire on the Israeli military, with all its might.”
“We never thought there would be any violence,” she said.
At least four Israeli soldiers were injured in the operation, some from gunfire, according to the military.
A military statement said two activists were later found with pistols they had taken from Israeli commandos. The activists, the military said, had apparently opened fire “as evident by the empty pistol magazines.”
Sur les vidéos diffusées par l'IDF, on voit les premiers soldats à descendre se faire attaquer avec des battons. On voit mal comment le premier à descendre aurait pu s'en sortir convenablement. Qu'est-ce qui était prévu ? Les vidéos sont coupées et ne permettent pas de lire convenablement toute la chronologie de l'opération. Les israéliens parlent de couteau et d'arme à feu, rien sur les vidéos n'en montre l'utilisation. Leurs déclaration sont floues, mais laissent entendre que s'il y a eu usage de pistolet par les civils, c'est bien après les premiers tirs des soldats.
Les mauvaises langues diront qu'elles sont certaines que les commandos, eux, étaient lourdement armés et avaient prémédité leur action visant à aborder une aide humanitaire dans les eaux internationales. Si c'étaient des somaliens, on appellerait cela un acte de piraterie, ce que n'a pas manqué de faire la Turquie, d'où vient le bateau sur lequel la fusillade a eu lieu.
Il semblerait que la télé ai préparé la population a une intervention en parlant depuis une semaine de terroristes parmi les militants. (traduction française ici) A lire aussi Israel ruled the airwaves as it did the seas :
At Jonah's Hill, officials from the Israeli military and government departments fanned out among the reporters, relaying with courtesy and fluency their version of events.
This in turn was reinforced by a stream of analysis and explanation by politicians and sympathetic analysts in the live television coverage throughout the day and, by late afternoon, there was the aerial black-and-white film, supplied by the Israel Defence Forces (IDF), of commandos landing aboard the Mavi Marmara.
The core message was that the deadly violence was started not by the Navy but by activists on board the vessel who had attacked Israeli forces.
La télévision turque, relayée entre autres par voltaire.net parle d'une liste contenant des noms de personnes à abattre, tombée de la poche d'un des soldats, parmi eux figurerait le nom de Sheikh Salah. Cependant Free Gaza Aid, qui organise le convoi dit n'en n'avoir pas eu vent.
Il semble qu'il y avait des députés de pays européens à bord des navires. Le parlement européen déclare qu'aucun membre du parlement n'était présent. Il devrait s'agir de députés nationaux, peut-être des anglais, il est difficile de trouver des noms.
Réactions internationales
Les réactions internationales ne se sont pas faîtes attendre. Après la guerre de Gaza et le rapport Goldstone, l'utilisation de faux passeport pour le meurtre d'un dirigeant du Hamas et les incidents diplomatique avec l'ambassadeur turque puis Joe Biden, l'état d'Israël enchaine a vitesse grand V les erreurs diplomatiques.
La Grèce a arrêté des exercices militaires en cours avec Israël et reporté la visite programmée du chef de l'Israel Air Force. Déjà de précédents épisodes de la flottille à Chypre avait mis la grece en situation délicate :
Le deuxième set a eu lieu hier, dans la partie grecque de Chypre, là où nous avions négocié avec le gouvernement d’embarquer une délégation VIP de parlementaires européens et nationaux de Suède, d’Angleterre, de Grèce et de Chypre. Alors que les deux bateaux de Grèce, le bateau américain venant de Crète et les 4 bateaux turcs étaient déjà au point de rendez-vous attendant que la délégation VIP arrive et embarque à notre bord, nous avons reçu la nouvelle que notre délégation était encerclée par la police chypriote dans le port de Larnaka et interdite de bouger où que ce soit. Chypre, un pays européen, était en train d’interdire a des parlementaires européens de se déplacer librement sur son sol, en rupture complète de toute législation et réglementations européennes ! Alors que nous commencions à négocier avec le gouvernement chypriote, nous avons clairement compris que ce changement soudain d’attitude envers nous était dicté directement par Israël. De sept heures du matin jusqu’au soir, le gouvernement de Chypre nous mentait, disant que c’était un malentendu que les VIP aient été autorisés à embarquer pour n’importe quelle direction qu’ils souhaitaient, que c’était juste une question bureaucratique à résoudre. Mais rien ne s’est passé et nos parlementaires ont été pris au piège. Le gouvernement chypriote agissait comme un auxiliaire d’Israël et nous a fait perdre un temps crucial. Ce matin, la délégation VIP a décidé que le seul choix qui restait était d’aller au port de Formogossa dans le Nord de Chypre sous contrôle turc, et de là prendre un bateau rapide pour nous rejoindre au point de rendez-vous. Bien sûr, parce que notre coalition est formée de Turcs et de Grecs et de Chypriotes, la Chypre du Nord qui est sous occupation turque, est une question politique très importante. Et envoyer notre délégation prendre un bateau dans le port de Formogossa, encore sous embargo des Nations Unies, est une question politique encore plus importante. Cela aurait pu briser le dos de nos amis grecs et chypriotes de la coalition. Ce fut presque le cas. Mais c’est le contraire qui s’est révélé. Notre coalition tient toujours. C’est le parti chypriote au pouvoir qui est sur le point de se briser, et les 7 parlementaires grecs et chypriotes qui faisaient partie de la délégation et ne pouvaient pas aller au nord de Chypre sont furieux contre le gouvernement chypriote. Un immense débat a toujours lieu en ce moment en Grèce et à Chypre sur ce qui s’est passé et sur notre flottille pour Gaza. Dans une heure ou deux, 80% de notre délégation VIP embarquera sur nos bateaux et nous partirons pour Gaza comme prévu.
Flotille pour Gaza: correspondance CCIPPP
La Turquie a appelé cette opération un acte de piraterie, rappelé son ambassadeur, et des dizaines de milliers de protestataires ont déjà manifesté à Istanbul et Ankara. Ankara demande une réunion d'urgence du conseil de sécurité. Il faut noter à ce propos l'évolution de la position turque, ancien allié indéfectible d'Israel et bras armé de l'OTAN. A lire par exemple Iran issue forces Turkey to a crossroads, sur le Asian Times Online, qui montre l'évolution stratégique de la Turquie.
Même notre couple atlantiste Sarkozy / Kouchner a dénoncé l'attitude d'Israel :
Nicolas Sarkozy a condamné "l'usage disproportionné de la force" par Israël. L'ambassadeur d'Israël en France a par ailleurs été convoqué pour s'expliquer. Pour Bernard Kouchner, "Rien ne saurait justifier l'emploi d'une telle violence". "Nous ne comprenons pas le bilan humain, encore provisoire, d'une telle opération contre une initiative humanitaire connue depuis plusieurs jours", souligne-t-il alors que plusieurs députés européens se trouvaient notamment, à titre individuel, à bord de la flottille.
TF1 : Israël sous le feu diplomatique après l'assaut
Les palestiniens ont également réagis. Des manifestations ont eu lieu à Gaza, Ramallah et Jérusalem. M. Abbas a déclaré trois jours de deuil national. Le Hamas demande à tous les arabes d'intervenir devant les ambassades sionistes. Mais le pire reste à venir si le leader arabe israélien Raed Salah fait partie des victimes. Pendant la journée, il a été annoncé qu'il aurait été grièvement blessé lors de l'opération, mais c'est à confirmer, wikipedia.en dit qu'il aurait en fait été arrête.
Palestinian youths protesting the raid scuffled with Israeli soldiers, throwing bottles and stones at them, at a checkpoint north of Jerusalem, as senior Palestinian negotiator Saeb Erekat called the Israeli raid a "war crime."
USA Today : Israel's sea raid sparks international furor
Les américains ont été très prudents dans leurs réactions, et l'information semble n'avoir été que peu diffusée.
Le président du parlement européen a condamnée l'attaque, mais on ne sait pas quels mesure seront prises pour donner suite à ces déclarations :
"It is a clear and unacceptable breach of international law, especially the fourth Geneva Convention. We demand that Israel explain its actions immediately, with the utmost transparency, and guarantees full accountability by co-operating with any full inquiry that is to be set up".
"The European Parliament also urges High Representative Ashton to take steps within the Quartet to force Israel to lift the siege on the people of Gaza immediately and unconditionally. We cannot stand by while 80% of the Gazan population is living below the poverty line".
Israeli interception of convoy "unjustified" says EP President Buzek
On ne peut qu'espérer que l'UE interviendra enfin, au moins en faveur d'un lever du blocus de Gaza.
Aggravation de la politique israélienne
Ce qu'on peut espérer également, c'est que l'aggravation de la situation sur le plan international finisse par réveiller chez les Israélien une conscience de ce qui se passe. Il faut un renouveau du camp de la paix en Israël, sinon le pays va sombrer encore un peu plus vers le fascisme.
Here in Israel, we have still yet to learn the lesson: We are no longer defending Israel. We are now defending the siege. The siege itself is becoming Israel's Vietnam.
Of course, we knew this could happen. On Sunday, when the army spokesman began speaking of a Gaza-bound aid flotilla in terms of an attack on Israel, MK Nahman Shai, the IDF chief spokesman during the 1991 Gulf war, spoke publicly of his worst nightmare, an operation in which Israeli troops, raiding the flotilla, might open fire on peace activists, aid workers and Nobel laureates.
Likud MK Miri Regev, who also once headed the IDF Spokesman's Office, said early Monday that the most important thing now was to deal with the negative media reports quickly, so they would go away.
But they are not going to go away. One of the ships is named for Rachel Corrie, killed while trying to bar the way of an IDF bulldozer in Gaza seven years ago. Her name, and her story, have since become a lightning rod for pro-Palestinian activism.
A Special Place in Hell / The Second Gaza War: Israel lost at sea
Il semble en tout cas que les dirigeants ne sont absolument pas prêts à changer de position. Et vont jusqu'à ressortir le fantôme d'al-qaeida pour justifier leur action :
Barak voiced regret for the deaths, but called the flotilla a political provocation by and said the sponsors of the flotilla were violent supporters of a terror organization.
Israel Defense Forces Chief of Staff Gabi Ashkenazi, meanwhile, said the soldiers were forced by violent activists to respond with live fire.
Deputy Foreign Minister Danny Ayalon said earlier Monday that the organizers of the Gaza aid flotilla have connections to international terrorist organizations such as Hamas and Al-Qaida, and called the aid convoy a violent and provocative attempt to break the blockade on Gaza.
Ayalon, speaking at a press conference at the Foreign Ministry, said that Israel found weapons aboard the Gaza flotilla, which were used against IDF troops.
Barak: Organizers of Gaza flotilla to blame for deadly clashes
Les dirigeants de l'état d'Israel semblent vouloir fermer toutes les portes vers la paix, et la rendent chaque jour de plus en plus impossible.
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