Afghanistan : le sens de notre engagement, par Bernard Koucher et Hervé Morin (commenté)
Nous avons aujourd'hui la chance inestimable de pouvoir étudier ce que signifient diginité humaine et liberté pour nos deux ministres.
Tombés pour qu'il n'y ait plus de 11-Septembre ou d'autres attentats majeurs frappant nos démocraties.
C'est le premier argument. Historiquement c'est valable, c'est bien la raison donnée par G. W. Bush à son peuple pour envoyer les soldats à destination. De la part de nos ministres cependant, cette affirmation dès le début pose comme principe l'alignement inconditionnel sur l'allié américain. Il y a d'autres raisons pour cette guerre, de façon certaine, personne ne s'attend plus à débusquer Ben Laden dans les montagnes afghanes. Cependant le choix de cet argument amène directement à la réthorique développée ensuite. Nousverrons que c'est un argument purement idéologique. Il s'agit de faire peur, il pèse comme une menace.
En quittant la France, ils étaient conscients des risques de leur mission. Ils y étaient prêts : comme tous leurs camarades, ils avaient suivi une formation longue de six mois spécifique à cette mission, ils étaient aguerris, équipés et entraînés pour faire face aux situations les plus extrêmes.
On aurait tort de ne lire ici qu'une justification préventive, montrant le soin apporté à soutenir nos soldats. Il y a bien une accusation portée récemment contre le peu de soin apportée à la sécurité le jour de l'attentat, à cet endroit. Est-ce seulement pour la faire oublier qu'ils sont sur la défensive dès l'introduction ? Il faut voir au coeur de ces lignes, m'argument c'est la formation des soldats. L'éducation, est également au coeur de la réthorique employée. Parce que nous donnons une éducation (ici à tuer, rappellons le), nous sommes une civilisation. Une pub déguisée pour la formation continue, au coeur de la propagande actuelle ? Peut-être aussi. Dans le même journal on peut lire le même jour que Xavier Darcos, le ministre de l'école, défend de "nouveaux droits", la "justice" et la "liberté". Un front commun en quelque sorte.
Ils savaient que pour réussir une mission de paix, il faut parfois mener des opérations de guerre.
C'est le leitmotiv de Bernard Kouchner, le french Doctor, la guerre juste. Il était au Kosovo, il sait de quoi il parle. Après la fin de la guerre froide, l'OTAN règle ses comptes. Grâce à B. Kouchner nous savons que ces centaines de milliers de civils en Yougoslavie, en Iraq (deux pays non alignés, BK soutenait la guerre en Irak), en Afghanistan, sont morts pour la paix (je ne tiens pas le compte, mais il convient d'évoquer un ordre de grandeur, je ne sais pas). Seraient-ils morts sans la guerre pour la paix ? Oubliez la guerre contre la Russie, le pétrole, les oléoducs, tous ces objectifs inimaginables pour une armée moderne, maintenant on se bat pour la paix, et on se bat beaucoup. Il y aura bientôt beaucoup de paix. Quand tout le monde sera mis au pas. Dois-je dire éduqué ?
Nos soldats savaient. Ils ne croyaient pas. Ce terme ne sierait ni à l'arrogance de nos ministres, ni à la réthorique deployée plus bas. Sachez-le, dans le monde civilisé, en occident, maintenant nous savons. Et c'est essentiellement pour cela que nos bombes sont inteligentes et nos guerres justes.
Notre détermination, rappelée avec fermeté mercredi par le président de la République, sera la réponse à nos adversaires.
Quells adversaires ? Ils ne sont pas encore cités, pas clairement identifiés, mais déjà nous connaissons la fermeté de Nicolas Sarkozy de Naggy-Bosca. Et notre détermination dans notre cause. C'est, nous le verrons assez typique de ces jours, peu importe l'adversaire, il est flou, vague, nous l'appellons volontairement une nebuleuse. Il y a de très bonne raisons. C'est un adversaire fantôme, qui vient dans nos cauchemar, qui peut-être n'importe qui, mais finalement sont existence même est à discuter. La naissance d’Al Qâeida . L'important c'est qu'il soit fédérateur, et soit chargé affectivement des valeures inverses que celles que nous payons pour défendre. On ne pourrait rêver meilleur adversaire.
Nous livrons en Afghanistan un combat pour défendre ce que nous avons de plus précieux : nos valeurs, notre sécurité et aussi une solidarité indispensable avec nos alliés. Et nous le faisons sous l'autorité du Conseil de sécurité des Nations unies, à la demande du gouvernement afghan démocratiquement élu.
Nous sommes le gendarme du monde. Nous travaillons pour le gouvernement de la planète, et nous défendons la démocratie établie par les afghans sur leur propre sol. Il serait proprement conspirationiste de rappeller que l'ONU ce sont les chefs d'état, et que faire la guerre pour l'ONU dans leur bouche ne veut dire grand chose de plus que s'être couvert soi même avant d'intervenir. Le gouvernement afghan démocratiquement élu fût mis en place par les USA, qui en ont soignesement choisit les leaders. D'ailleurs nos ministres se contredisent, puisqu'ils affirment plus bas que lorsqu'ils sont arrivés en Afghanistan, le régime soutenait le terrorisme/ Peu importe. Sont mises en place toutes les cautions modernes, l'ONU est la justification suprême, toutes les écoles enseignent aux enfants sa bienfaisane et son autorité légitime. Dans les faits elle est encore plus illégitime que l'UE. Encore qu'elle n'a pas encore été rejeté par référendum.
Ce qui est en jeu, ce sont d'abord nos valeurs. De 1996 à 2001, une dictature barbare, le régime des talibans, coupait l'Afghanistan du reste du monde.
Qui sont ces talibans ? Je connaissait les "combattants de la liberté" qui sauvaient le monde de la Russie. Sont-ce les mêmes qui ont formé le GIA en Algérie, combattu la social démocratie au Yemen, défendu les bosniaques grâce à des passeports américains ? Quelle crédibilité avez-vous pour combattre vos propres alliés ? Quand comptez-vous gagner cette guerre ?
La dignité de la femme y était bafouée, les droits de l'homme inexistants, l'obscurantisme et la terreur omniprésents. Sous ce régime, les femmes n'étaient ni scolarisées ni soignées, les opposants étaient pendus dans les stades, la culture et la civilisation du pays reniées.
Nous nous battons pour offrir au peuple afghan des conditions de vie acceptables : égalité, justice, recul de l'arbitraire et de la violence. Nous voulons leur apporter cette sécurité nécessaire au développement et permettre aux enfants d'avoir un avenir – c'est-à-dire d'être éduqués et soignés.
Voilà le choc des civilisations, défendu ardamment par tous les bellicistes atlantistes. Voilà la vision manichéenne de Bush, qui tend à dépasser l'échiquier politique car elle remonte à des arguments datant de la renaissance puis des lumières : nous sommes la civilisation qui se bat contre l'obscurantisme. Le moyen-age fût inventé justement pour masquer la violence et l'injustice sociale de cités comme Florence. Les guerres modernes sont l'horreur absolue, le monde moderne est le plus inégal qui soit (pas dans les textes bien sur, seulement dans les faits) mais grâce à deux mots magiques civilisation et obscurantisme, nous avons une echelle de valeures qui nous permet d'éviter tout débat contradictoire et pénible entre Empire et monothéisme.
Ce qui se joue en Afghanistan, ce sont aussi nos intérêts de sécurité. En démontrant ensemble que nous ne cédons pas à la force, que nous ne reculons pas devant Al-Qaida, nous montrons au monde entier que le terrorisme ne gagnera pas. Partir, ce serait donner la plus belle des victoires au djihadisme international : celle de la propagande et de la création d'un sanctuaire qui deviendrait inexpugnable.
Le terrorisme et le crime se confondent en Afghanistan comme ailleurs. Ici, c'est la production d'opium qui finance les opérations, ajoutant un fléau à la menace. Là encore le combat sera long et difficile. Les Nations unies viennent d'annoncer de premiers résultats positifs, avec une réduction de la production d'opium. C'est une évolution positive et insuffisante.
Merci de soulever cette question. Les anglo-saxons ont toujours été parti prenante du trafic de l'opium, et les USA n'ont pas fait exception. Cherchez par vous même.
A suivre.